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« Désertons » : des jeunes ingénieurs appellent à refuser les « jobs destructeurs »

« Désertons » : des jeunes ingénieurs appellent à refuser les « jobs destructeurs » | Les Colocs du jardin | Scoop.it
Lors d’un discours prononcé à la cérémonie de remise des diplômes d’AgroParisTech, le 10 mai, huit étudiants disent refuser d’exercer des « jobs destructeurs » et appellent leurs camarades à rejoindre les luttes écolos et à travailler de leurs mains.

 

Des agros qui bifurquent

11 mai 2022 à 14h00 Mis à jour le 13 mai 2022 à 09h40

"Le grand écran lumineux annonçait le discours de fin d’année d’une jeune diplômée. Mais à la tribune, elles et ils sont arrivés à huit. À tour de rôle, ils ont décrit le rôle que joue leur formation et leur métier dans la catastrophe écologique et sociale et appelé (...)"

 

 

« Les diplômés de 2022 sont aujourd’hui réunis une dernière fois après trois ou quatre années à AgroParisTech. Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir faire mine d’être fières et méritantes d’obtenir ce diplôme à l’issue d’une formation qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours.

 

Nous ne nous considérons pas comme « les talents d’une planète soutenable ».

 

Nous ne voyons pas les ravages écologiques et sociaux comme des « enjeux » ou des « défis » auxquels nous devrions trouver des solutions en tant qu’ingénieurs.

 

Nous ne croyons pas que nous avons besoin de « toutes les agricultures ». Nous voyons plutôt que l’agro-industrie mène une guerre au vivant et à la paysannerie partout sur Terre.

 

Nous ne voyons pas les sciences et techniques comme neutres et apolitiques.

 

Nous pensons que l’innovation technologique ou les start-up ne sauveront rien d’autre que le capitalisme.

 

Nous ne croyons ni au « développement durable », ni à la « croissance verte », ni à la « transition écologique », une expression qui sous-entend que la société pourra devenir soutenable sans qu’on se débarrasse de l’ordre social dominant.

 

AgroParisTech forme chaque année des centaines d’élèves à travailler pour l’industrie de diverses manières : trafiquer en labo des plantes pour des multinationales qui renforcent l’asservissement des agricultrices et des agriculteurs ; concevoir des plats préparés et ensuite des chimiothérapies pour soigner les maladies causées ; inventer des labels bonne-conscience pour permettre aux cadres de se croire héroïques en mangeant mieux que les autres ; développer des « énergies vertes » qui permettent d’accélérer la numérisation de la société tout en polluant et en exploitant à l’autre bout du monde ; pondre des rapports RSE [responsabilité sociétale des entreprises] d’autant plus longs et délirants que les crimes qu’ils masquent sont scandaleux ; ou encore compter des grenouilles et des papillons pour que les bétonneurs puissent les faire disparaître légalement.

« Nous nous adressons à celles et ceux qui doutent »

Ces jobs sont destructeurs, et les choisir, c’est nuire… en servant les intérêts de quelques-uns.

C’est pourtant ces débouchés qui nous ont été présentés tout au long de notre cursus à AgroParisTech. En revanche, on ne nous a jamais parlé des diplômés qui considèrent que ces métiers font davantage partie des problèmes que des solutions et qui ont choisi de déserter.

Nous nous adressons à celles et ceux qui doutent. Que ce doute soit quotidien — ou fugitif.

À vous, qui avez accepté un boulot parce qu’« il faut bien une première expérience ».

À vous, dont les proches travaillent à perpétuer le système, et qui sentez le poids de leur regard sur vos choix professionnels.

À vous, qui, assises derrière un bureau, regardez par la fenêtre en rêvant d’espace et de liberté.

À vous qui prenez le TGV tous les week-ends en quête d’un bien-être jamais trouvé.

À vous qui sentez un malaise monter sans pouvoir le nommer, qui trouvez souvent que ce monde est fou, qui avez envie de faire quelque chose mais ne savez pas trop quoi, ou qui espériez « changer les choses de l’intérieur » et n’y croyez déjà plus.

Nous voulions vous dire que vous n’êtes pas les seuls à trouver qu’il y a quelque chose qui cloche. Car il y a vraiment quelque chose qui cloche.

 

Nous aussi, nous avons douté, et nous doutons parfois encore.

Et nous refusons de servir ce système, nous avons décidé de chercher d’autres voies, de construire nos propres chemins.

Comment est-ce que ça a commencé ?

 

Nous avons rencontré des personnes qui luttaient, et nous les avons suivies sur leurs terrains de lutte. Ils nous ont fait voir l’envers des projets que nous aurions pu mener en tant qu’ingénieurs. Je pense à Christina et Emmanuel qui voient le béton couler sur leurs terres du plateau de Saclay. Je pense à ce trou desséché, une compensation bien dérisoire à une mare pleine de tritons. Ou encore à Nico qui voit de sa tour d’immeuble les jardins populaires de son enfance rasés pour la construction d’un écoquartier.

 

Ici et là, nous avons rencontré des personnes qui expérimentent d’autres modes de vie, qui se réapproprient des savoirs et des savoir-faire pour ne plus dépendre des monopoles d’industries polluantes.

 

Des personnes qui comprennent leur territoire pour vivre de lui sans l’épuiser. Qui luttent activement contre des projets nuisibles. Qui pratiquent au quotidien une écologie populaire, décoloniale et féministe. Qui retrouvent le temps de vivre bien et de prendre soin les unes-les uns des autres. Toutes ces rencontres nous ont inspirées pour imaginer nos propres voies.

 

… J’habite depuis deux ans à la zad de Notre-Dame-des-Landes où je fais de l’agriculture collective et vivrière, entre autres choses.

… Moi je suis en cours d’installation en apiculture dans le Dauphiné.

… J’ai rejoint le mouvement Les Soulèvements de la terre pour lutter contre l’accaparement des terres agricoles et leur bétonisation partout en France.

… Je vis à la montagne, j’ai fait un boulot saisonnier et je me lance dans le dessin.

… On s’installe en collectif dans le Tarn sur une ferme Terre de Liens avec un paysan boulanger, des brasseurs et des arboriculteurs.

… Je m’engage contre le nucléaire près de Bure.

… Je me forme aujourd’hui pour m’installer demain et travailler de mes mains.

 

Nous considérons que ces façons de vivre sont plus que nécessaires et nous savons qu’elles nous rendront plus fortes et plus heureuses.

 

Vous craignez de faire un pas de côté parce qu’il ne « ferait pas bien » sur votre CV ?

 

De vous éloigner de votre famille et de votre réseau ?

 

De vous priver de la reconnaissance que vous vaudrait une carrière d’ingénieur agronome ?

 

Mais quelle vie voulons-nous ? Un patron cynique ? Un salaire qui permet de prendre l’avion ? Un emprunt sur trente ans pour un pavillon ? Même pas cinq semaines par an pour souffler dans un « gîte insolite » ? Un SUV électrique, un Fairphone et une carte de fidélité à la Biocoop ?

Et puis un burnout à 40 ans ?

 

« N’attendons pas le 12ᵉ rapport du Giec »

Ne perdons pas notre temps. Mais surtout, ne laissons pas filer cette énergie qui bout quelque part en nous.

Désertons avant d’être coincés par des obligations financières.

 

N’attendons pas que nos mômes nous demandent des sous pour faire du shopping dans le Metavers parce que nous aurons manqué de temps pour les faire rêver à autre chose.

 

N’attendons pas d’être incapables d’autre chose que d’une pseudo-reconversion dans le même taf, mais repeint en vert.

 

N’attendons pas le 12ᵉ rapport du Giec, qui démontrera que les États et les multinationales n’ont jamais rien fait d’autre qu’aggraver les problèmes, et qui placera ses derniers espoirs dans les soulèvements et les révoltes populaires.

 

Vous pouvez bifurquer maintenant.

Commencer une formation de paysan-boulanger. Partir pour quelques mois de woofing. Participer à un chantier sur une zad ou ailleurs. Vous engager auprès de celles et ceux qui en ont besoin. Vous investir dans un atelier vélo autogéré ou rejoindre un week-end de lutte avec les Soulèvements de la terre.

 

Ça peut commencer comme ça.

 

À vous de trouver vos manières de bifurquer. 

 
Bernadette Cassel's insight:

 

 

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Une lutte pour défendre jardins populaires et zones humides | Les Colocs du jardin | Scoop.it
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[Image] Les Vaîtes à Besançon, c'est 34 hectares de jardins populaires, de terres maraîchères cultivées de longue date (un horticulteur et une ferme maraîchère bio), des zones humides, espaces boisés, friches... Un écosystème riche menacé depuis 2005 par un projet d'écoquartier porté par la ville de Besançon.

 

  

Les Vaîtes à Besançon, c'est 34 hectares de jardins populaires, de terres maraîchères cultivées de longue date (un horticulteur et une ferme maraîchère bio), des zones humides, espaces boisés, friches... Un écosystème riche menacé depuis 2005 par un projet d'écoquartier porté par la ville de Besançon.

 

Les Vaîtes, c'est une lutte pour défendre le vivant : les espèces protégées ou non qui vivent aux Vaîtes, les vieux arbres où nichent oiseaux et chauves-souris, la flore locale.

 

Les Vaîtes, c’est aussi la lutte des invisibles qui cultivent les jardins en autogestion, des paysan·nes installé·es en bio, les horticulteurs·trices, des habitant·es qui vivent et se promènent dans ce quartier, parce qu’ils et elles ne sont pas des riens que l'on pourrait rayer de la carte d'un coup de stylo dans un délire urbanistique.

 

[Lire l'appel à la journée d'action du 27 mars 2021]

 

[Image] Carte des Jardins des Vaîtes (dessin : Amandine Polet)

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Dessins : Alessandro Pignocchi

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