Il faut commencer par rappeler que l’évaluation sondagière du potentiel électoral du FN a toujours posé problème. Pour une raison simple : les personnes interrogées par les instituts en face-à-face ou au téléphone ont généralement tendance à dissimuler leur intention de vote ou leur sympathie pour ce parti et ses représentants. De fait, comme a pu l’admettre Roland Cayrol, ancien dirigeant de l’institut CSA, les résultats bruts obtenus à l’issue des enquêtes sont « faux » (cité par Le Monde, 8 mars 2011). Ce qui implique de procéder à des opérations de « redressement », en appliquant un coefficient correcteur à la structure des répondants. Il reste qu’on ne sait pas grand-chose des modalités de ces opérations, sinon qu’elles suivent un certain nombre de « recettes » mais comportent également une « part de pifomètre » – selon les termes de Pierre Weil, ancien fondateur de la Sofres (cité par Le Monde, 9 mars 2011). Les estimations du potentiel électoral frontiste, qui sont généralement présentées comme le produit de calculs savants, relèvent donc en réalité d’opérations approximatives...